
C’est avec la tristesse que vous imaginez que l’on a appris le décès de Norbert Moutier, alias N.G. Mount, défenseur sincère de la Série B, du cinéma populaire et bis, sur tous les fronts pour répandre la bonne parole et élargir les horizons de sa propre passion. On le connaissait donc pour ses films tournés avec les moyens du bord : Ogroff – Mad Mutilator, Trepanator, Opération Las Vegas, Dinosaur from the Deep, Le Syndrome d’Edgar Poe, Alien Platoon… De tout petits films, amateurs pour la plupart, shootés entre amis (Ogroff réunissait le gros des fanéditeurs de l’époque) dans caves et bois, quelquefois avec le soutien de ses idoles (Jean Rollin et Howard Vernon étaient de la partie) à la manière d’un Don Dohler européen. Et comme Dohler, Moutier ne put s’empêcher de couvrir d’encres (et de monstres…) les feuilles blanches, créant à la fin des années 70 sa revue Monster Bis, certainement l’un des fanzines à la plus longue existence. Au point que, de dossiers sur Maciste en publications dédiées aux dieux et déesses de l’Euro Trash comme Jess Franco, Barbara Steele et Jean Rollin, il en éclipsera ses deux autres essais écrits, Thriller Movies et Les Dents du Vampire. Enfin, Norbert Moutier se fit libraire et patron de vidéoclub au travers de BD -Ciné, boutique faite temple du bis et de l’aventure pulp, où les piles de fanzines soutenaient les montagnes de VHS. Une page se tourne donc, sans conteste l’une des plus belles de la cinéphilie française, car Moutier c’était la passion ardente, celle qui englobe une vie toute entière et prit toutes les formes possibles et imaginables.
Image prise sur le blog Le Fanzinophile.
Voici un hommage de bon aloi. Sans connaitre personnellement ce monsieur, il suffit de regarder son travail pour être admiratif et avoir envie d’aller lui payer un coup pour discuter cinoche. Ca reste quand même un sacré tour de force d’avoir réussi à monter de tels films, surtout en France. Bien sur c’est du Z, n’empêche que réussir à les boucler et les sortir, ça démontre une belle détermination.
C’était d’autant plus impressionnant à l’époque, alors que les bisseux ne pouvaient guère s’organiser avec le net, distribuer leurs films via un site ou tout autre moyen moderne… Je le redis, et je vais même un peu plus loin, de son époque, il était le plus passionné et le plus sincère dans sa démarche.